Le Pere Patrice Pellen, hospitalisé hier à Ambroise Paré, va mieux. Il est maintenant délivré de la fièvre et respire bien.
Il vous remercie de vos messages et surtout de votre prière. Il vous assure de la sienne.

Merci  à tous.
Belle Semaine Sainte connectée au Seigneur avec l’aide des réseaux sociaux.
Avec ma gratitude et ma prière

Pere Marc

« … quand nous visite l’astre d’en haut pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort »
« Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse »

La semaine sainte commence dans la lumière de la joie si humaine du dimanche des Rameaux, joie simple et sincère des apôtres comme de la foule, joie mêlée pour nous qui savons la suite, tant il y a de confusion et de danger de désillusion quand nous voulons transformer Jésus humble, monté sur un ânon, en figure triomphale qui comblerait nos espoirs humains, nos visions personnelles de ce qui devrait être.
Les lundi, mardi et mercredi sont appelés « les jours du fiancé » par la liturgie orthodoxe, en référence au temps de préparation des noces du Christ avec l’humanité dans le mystère pascal.
Trois figures balisent « les jours du fiancé » :

  • Lundi : la figure lumineuse de Marie, sœur de Lazare, tout à la joie de la résurrection de son frère, la seule figure des évangiles à se hisser presqu’à la hauteur de la surabondance du don de Jésus (noces de Cana, multiplications des pains, sa passion, …), dans son offrande folle d’un parfum très précieux répandu sur les pieds de Jésus ;
  • Mardi : la figure en ombre et lumière de Simon-Pierre, notre frère en fanfaronnade, si sûr d’avoir la volonté et la force morale de pouvoir suivre Jésus partout où il ira ;
  • Mercredi : la figure ténébreuse de Judas (déjà présent dans les évangiles de lundi et mardi), notre frère en trahison de Jésus (n’est-ce pas ce que nous faisons de manière répétée ?), Judas que Jésus continuera d’appeler son ami même au moment ultime de la trahison annoncée (Mt 26, 50), Juda dont le plus grand péché n’est pas cette trahison mais la désespérance qui le conduit au suicide, là où Simon-Pierre est sauvé par ses larmes amères.

Avant même le Triduum pascal, et selon sa logique, les « jours du fiancé » illustrent la lumière qui baisse progressivement jusqu’à la nuit totale du samedi saint, avant le retour de la Lumière du Christ ressuscité lors de la vigile pascale, car le Christ est « la vraie lumière qui éclaire tout homme en venant dans ce monde » : Jn 1,9). Ce sont les ténèbres du cœur de l’homme qui préparent, fabriquent et expliquent la Passion.

L’évangile de Jean ne rapporte pas l’institution de l’eucharistie, mentionnée dans les trois autres évangiles et par saint Paul. Le lavement des pieds signifie qu’au terme du chemin qui aura fatigué et sali nos pieds, nous arriverons dans la maison du Père qui nous attend comme des hôtes de marque, comme des enfants bien-aimés. Cette tâche d’esclave accomplie par Jésus magnifie la mystérieuse équivalence de l’Amour de Dieu et de l’Amour de nos frères. (Cf. le double commandement :  Marc 12, 28-34, Mt 22, 34-40) : le sacrement de l’eucharistie et le « sacrement du frère » sont les deux faces d’une même réalité, ultime testament en geste de Jésus. Mais après la lumière des derniers entretiens de Jésus avec ses disciples, les ténèbres cernent désormais Jésus qui prie seul, avec des larmes de sang, à Gethsémani, avant son arrestation.

Le vendredi saint, nous ferons mémoire du jugement, du chemin de croix, de la mort et de l’ensevelissement à la sauvette de Jésus : à vue humaine, tout est terminé dans l’échec, l’injustice la plus radicale et le non-sens. La nuit de la mort semble avoir tout balayé.

Le samedi saint est un jour sans équivalent dans le christianisme, seul jour sans liturgie eucharistique. C’est le jour du silence et des ténèbres, mais aussi le jour des réalités invisibles, quand Jésus descend aux enfers « prendre par la main Adam et Eve » (Cf. l’icône de la Résurrection), quand Dieu vient visiter les parties de nous-même les plus enfouies, les plus verrouillées, les plus mortes, pour leur redonner la vie, cette Vie qui explose à la manière des bourgeons du printemps durant la vigile pascale.

Le Christ est bien Celui dont le Prologue de Jean dit : « la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée ». Le dimanche de Pâques peut alors être le jour de la vraie joie sans mélange, joie profonde, exultante, qui célèbre le salut de Dieu manifesté parmi nous, à la manière de Dieu révélé en Jésus-Christ, et pas selon nos illusions si humaines. Dans 50 jours, ce sera la Pentecôte et le début de la grande aventure dans l’Esprit-saint qui doit mettre le feu au monde.