Petit mode d’emploi pour lire, écouter, savourer et se laisser modeler par la Parole de Dieu
Dieu me parle aujourd’hui à travers la création et les événements, mais aussi par ses prophètes et par son Fils qui est la Parole même (He 1). En l’écoutant, je discerne peu à peu le sens du monde et de l’existence – et l’orientation de ma propre vie.
C’est ce que les anciens moines recherchaient à travers la lectio divina, une lecture lente et méditée de la Parole de Dieu. Pratiquée au cours des âges par les chrétiens en recherche de la volonté du Seigneur sur eux, elle est toujours actuelle. Voici quelques conseils simples et concrets pour savourer la Parole de Dieu.
Préparation
Je consacre à cette lecture un moment régulier et de longueur suffisante. Soit chaque jour, soit chaque semaine, en lui donnant par exemple une soirée, ou deux heures, le samedi ou le dimanche.
Je veille à me mettre dans des dispositions physiques et psychologiques de détente, de réceptivité. Il peut être bon, par exemple, d’écouter d’abord un peu de musique qui apaise et intériorise, ou bien de faire quelques exercices de détente.
J’aborde la Parole de Dieu avec l’appétit du cœur, au sens biblique où le cœur est le lieu de l’ouverture à Dieu.
Je choisis le texte que je vais lire. Je peux prendre la lecture suivie d’un livre de la Bible dont je poursuivrai la lecture au fil des jours. Ou bien un texte particulier, en fonction du temps liturgique, des circonstances de ma vie, de mes besoins, ou encore d’un thème que je veux creuser davantage. Il est très souhaitable de situer ce texte par rapport à l’ensemble de l’histoire du Salut (voir l’introduction de ma Bible). Au début, il vaut sans doute mieux partir du Nouveau Testament.
« Bercer » la Parole de Dieu
Je lis avec le cœur. « Seigneur, donne-moi un cœur qui écoute », priait Salomon (1 R 3, 9). Que ce soit d’abord le cœur, ce « cœur nouveau » que façonne l’Esprit Saint, qui entreprenne la lecture. Que ce soit lui qui soit en appétit et non pas d’abord le mental. Il ne s’agit pas d’accumuler un savoir, mais d’entendre un appel. Le meilleur moyen est de commencer par une prière de supplication au Seigneur pour qu’il me dispose à l’entendre.
Je savoure, je « rumine » et je « berce » la Parole de Dieu. Elle est vivante à celui qui la médite, comme un enfant dans le sein de sa mère. Je la goûte dans une lecture lente. Lorsqu’un verset éveille en moi un écho profond, je le laisse retentir longuement. Je cultive les sentiments d’adoration, de louange, d’intercession qui surgissent de cette lecture priante. Je ne reprends ma lecture qu’après avoir épuisé le « suc » du verset. Il est bon que cette activité du cœur et de l’intelligence fasse place au silence et à la prière. La prière silencieuse mûrit la Parole de Dieu au fond de mon cœur.
« Patience, patience
Patience dans l’azur
Chaque atome de silence
Est la chance d’un fruit mûr »
Paul Valéry
Je me rends vulnérable à la Parole. Je me laisse toucher, interpeller, modeler par elle. Je m’expose à la Parole : danger d’être bousculé dans mes petites habitudes, mes façons de penser, de vivre (He 4, 12). Elle peut me conduire où je ne pensais pas aller, comme elle a converti un François d’Assise et tant d’autres.
Comment Dieu m’a-t-il parlé ?
A la fin de ma lecture, je m’interroge : est-ce que cette écoute de la Parole m’amène à modifier quelque chose dans ma façon de penser et d’agir ? Est-ce qu’elle me donne quelque lumière sur l’orientation de mon existence ? Noter cette lumière pour y revenir.
Enfin, je m’efforce de « garder » la Parole. Comme Marie qui « conservait toutes ces choses dans son cœur » (Lc 2, 51). Alors, la Parole sera cette lampe qui éclaire mes pas, comme dit le Psaume. Grâce à elle, je saurai éviter les obstacles, interpréter les événements de ma vie, découvrir le chemin où Dieu me conduit.