Évangile de Jésus Christ selon saint Luc, (Lc 19, 11-28)

En ce temps-là,
comme on l’écoutait,
Jésus ajouta une parabole :
il était près de Jérusalem
et ses auditeurs pensaient que le royaume de Dieu
allait se manifester à l’instant même.
Voici donc ce qu’il dit :
« Un homme de la noblesse
partit dans un pays lointain
pour se faire donner la royauté et revenir ensuite.
Il appela dix de ses serviteurs,
et remit à chacun une somme de la valeur d’une mine ;
puis il leur dit :
“Pendant mon voyage, faites de bonnes affaires.”
Mais ses concitoyens le détestaient,
et ils envoyèrent derrière lui une délégation
chargée de dire :
“Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous.”

Quand il fut de retour après avoir reçu la royauté,
il fit convoquer les serviteurs auxquels il avait remis l’argent,
afin de savoir ce que leurs affaires avaient rapporté.
Le premier se présenta et dit :
“Seigneur, la somme que tu m’avais remise
a été multipliée par dix.”
Le roi lui déclara :
“Très bien, bon serviteur !
Puisque tu as été fidèle en si peu de chose,
reçois l’autorité sur dix villes.”
Le second vint dire :
“La somme que tu m’avais remise, Seigneur,
a été multipliée par cinq.”
À celui-là encore, le roi dit :
“Toi, de même, sois à la tête de cinq villes.”
Le dernier vint dire :
“Seigneur, voici la somme que tu m’avais remise ;
je l’ai gardée enveloppée dans un linge.
En effet, j’avais peur de toi,
car tu es un homme exigeant,
tu retires ce que tu n’as pas mis en dépôt,
tu moissonnes ce que tu n’as pas semé.”
Le roi lui déclara :
“Je vais te juger sur tes paroles,
serviteur mauvais :
tu savais que je suis un homme exigeant,
que je retire ce que je n’ai pas mis en dépôt,
que je moissonne ce que je n’ai pas semé ;
alors pourquoi n’as-tu pas mis mon argent à la banque ?
À mon arrivée, je l’aurais repris avec les intérêts.”
Et le roi dit à ceux qui étaient là :
“Retirez-lui cette somme
et donnez-la à celui qui a dix fois plus.”
On lui dit :
“Seigneur, il a dix fois plus !
– Je vous le déclare :
on donnera
à celui qui a ;
mais celui qui n’a rien
se verra enlever même ce qu’il a.
Quant à mes ennemis,
ceux qui n’ont pas voulu que je règne sur eux,
amenez-les ici
et égorgez-les devant moi.” »

Après avoir ainsi parlé,
Jésus partit en avant
pour monter à Jérusalem.

– Acclamons la Parole de Dieu.


Commentaires

1.       Jésus, le Roi des Rois. 

De nos jours il y a un intérêt renouvelé dans le retour imminent du Seigneur dans la gloire. Chaque dimanche, en récitant le Credo, nous affirmons notre foi que le Christ « reviendra pour juger les vivants et les morts. » Mais nous ne savons pas quand cela sera, comme le Seigneur lui-même a énoncé clairement :  » Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît » (Matthieu 24, 36). Alors que devons-nous faire en attendant ? La réponse est simple : Vivre en fidélité aux valeurs du royaume afin de témoigner que le Christ est notre Roi dès maintenant. Y a-t-il des domaines dans ma vie où le Christ n’est pas roi ? Suis-je fidèle à mes engagements chrétiens ? Est-ce que je fais une bonne utilisation de mon temps ?

2.       Gagner une pièce d’or à la fois. 

Dans la parabole d’aujourd’hui, chaque domestique ne reçoit qu’une pièce d’or, mais certains l’investissent mieux que d’autres. Il y a des dons que Dieu donne à tous et d’autres que seul certains d’entre nous reçoivent. Au baptême nous recevons tous le don de la foi, de l’espérance et de la charité et il nous appartient de nous assurer que ces dons grandissent, s’épanouissent et portent du fruit. Les dons de la foi, de l’espérance et de la charité ne nous sont pas donnés seulement en vue de moment d’épreuve, mais plutôt pour nous rappeler que nous sommes enfants de Dieu et héritiers du royaume du ciel. Exercer ces vertus est comme gagner de l’or, une pièce à la fois. Combien de fois est-ce que j’ai remercié Dieu des dons de la foi, de l’espérance et de la charité ? Est-ce que je m’efforce de développer ces vertus en maintenant mon coeur fixé sur les choses du ciel, en mettant ma confiance dans la divine providence, en aimant Dieu et en montrant cet amour par la charité envers mon voisin ?

3.       La générosité de Dieu. 

Saint Jean nous rappelle que « Dieu est amour » (1 Jean 4,8). Dieu se donne. L’homme qui a caché sa pièce de monnaie ne pourrait pas comprendre cette réalité, mais l’homme que « a dépensé » sa pièce d’or l’a découvert car il en a gagné beaucoup plus. Jésus nous dit que  » si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul » (Jean 12,24). Plus tard, si le grain de blé meurt, une métamorphose se produit et « il donne beaucoup de fruit.  » La mort de Jésus sur la croix est l’illustration parfaite de la fécondité du sacrifice et du don de soi. Nous ne pouvons pas choisir Jésus pour roi sans être disposés à le suivre jusqu’à Jérusalem et au Golgotha. Nous avons beaucoup à donner, mais nous avons tellement plus à gagner en employant nos talents pour le royaume.

Prions : Seigneur Jésus, parfois j’ai peur de ce que cela signifie que de mourir à moi-même. Aide-moi à employer tous mes talents pour étendre ton royaume. Aide-moi à me rendre compte que je n’ai rien à perdre et tout à gagner, et à prendre courageusement des mesures pour t’aimer chaque jour davantage.

Pour  Aujourd’hui : je ferai preuve de patience envers quelqu’un qui me gêne afin de dire mon amour pour Jésus et pour mon frère !

 

PREMIÈRE LECTURE
« Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je prendrai mon repas avec lui » (Ap 3, 1-6.14-22)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Moi, Jean, j’ai entendu le Seigneur qui me disait :
À l’ange de l’Église qui est à Sardes, écris :
Ainsi parle celui qui a les sept esprits de Dieu
et les sept étoiles :
Je connais ta conduite,
je sais que ton nom est celui d’un vivant,
mais tu es mort.
Sois vigilant, raffermis ce qui te reste
et qui allait mourir,
car je n’ai pas trouvé que tes actes soient parfaits
devant mon Dieu.
Eh bien, rappelle-toi ce que tu as reçu et entendu,
garde-le et convertis-toi.
Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur
et tu ne pourras savoir
à quelle heure je viendrai te surprendre.
À Sardes, pourtant,
tu en as qui n’ont pas sali leurs vêtements ;
habillés de blanc, ils marcheront avec moi,
car ils en sont dignes.
Ainsi, le vainqueur portera des vêtements blancs ;
jamais je n’effacerai son nom du livre de la vie ;
son nom, je le proclamerai
devant mon Père et devant ses anges.
Celui qui a des oreilles,
qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises.

À l’ange de l’Église qui est à Laodicée, écris :
Ainsi parle celui qui est l’Amen,
le témoin fidèle et vrai,
le principe de la création de Dieu :
Je connais tes actions,
je sais que tu n’es ni froid ni brûlant
– mieux vaudrait que tu sois ou froid ou brûlant.
Aussi, puisque tu es tiède
– ni brûlant ni froid –
je vais te vomir de ma bouche.
Tu dis : « Je suis riche,
je me suis enrichi, je ne manque de rien »,
et tu ne sais pas que tu es malheureux, pitoyable,
pauvre, aveugle et nu !
Alors, je te le conseille :
achète chez moi, pour t’enrichir, de l’or purifié au feu,
des vêtements blancs pour te couvrir
et ne pas laisser paraître la honte de ta nudité,
un remède pour l’appliquer sur tes yeux
afin que tu voies.
Moi, tous ceux que j’aime,
je leur montre leurs fautes, et je les corrige.
Eh bien, sois fervent et convertis-toi.
Voici que je me tiens à la porte, et je frappe.
Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte,
j’entrerai chez lui ;
je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi.
Le vainqueur, je lui donnerai de siéger
avec moi sur mon Trône,
comme moi-même, après ma victoire,
j’ai siégé avec mon Père sur son Trône.
Celui qui a des oreilles,
qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises.


 La porte 
“Voici, je me tiens à la porte et je frappe…”: Dieu frappe à la porte. Ce peut-être celle de mon cœur ou celle de ma maison.

Comment est-elle cette porte ? entre-ouverte, ouverte en grand, fermée, en bois, ou en fer, verrouillée, barricadée… j’imagine à partir de ce que je vois en moi, à partir de ce que je ressens.
Je laisse l’Esprit Saint m’éclairer, en vérité. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses mais simplement la vérité de mon être devant Dieu. 

Dieu est là
« Voici, je me tiens à la porte et je frappe, si quelqu’un entend ma voix… »: Le Seigneur est là, présent. Il a l’initiative : il frappe et il parle.

Comment frappe-t-il ? Des petits coups, un grand coup, est-ce fort ou discret ? 
Et sa voix, comment est-elle ? Puis-je l’entendre ?

Le désir de la rencontre 
“Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi.”

Tout dans ce verset dit le désir de Dieu de nous rencontrer. Cette rencontre que Dieu désire est celle d’une connaissance intime. Il veut entrer, entrer chez nous. Il veut se faire proche pour partager notre repas dans une réciprocité de relation: “lui près de moi et moi près de lui”. 
Je considère ce désir de Dieu de venir à ma rencontre.

Tout en notant la délicatesse de notre Dieu qui ne s’impose pas. Il frappe, il parle, il attend. “Si…” 

Je contemple Dieu dans son attitude.

Ma réponse 
« Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, lui près de moi et moi près de lui »

Le Seigneur me laisse libre de répondre. Je regarde ce qui arrive si j’ouvre. 
Qu’ai-je envie de répondre ? pour ma relation personnelle avec Dieu ; pour ma relation à mon conjoint, à mes enfants, à mes amis, à mes collègues de travail ou à des personnes que je côtoie, à l’étranger que je ne connais pas ou pas bien ; ou encore pour mon lieu de vie… 

Je considère comment est ma porte face à « l’autre » qui frappe et je parle au Seigneur de ma joie, de mes peurs, de mes hésitations ou de ma générosité et de mon désir.

Je peux lui demander son aide, son soutien, sa présence, ou je peux lui rendre grâce ou tout autre parole ou geste qui habite mon cœur. 

Je conclus ma prière en me tournant vers Dieu avec toute l’Église : « Notre Père… »

Recevoir la communion en dehors de la messe

Les rassemblements restent interdits mais après avoir médité la Parole de Dieu, vous pourrez recevoir la communion en gardant les gestes barrières qui s’imposent et en évitant tout attroupement.

Du mardi au vendredi de 17h à 18h45.

Un document sera fourni à l’entrée de l’église pour accompagner votre démarche spirituelle.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 18,35-43.

Alors que Jésus approchait de Jéricho, un aveugle mendiait, assis au bord de la route.
Entendant la foule passer devant lui, il s’informa de ce qu’il y avait.
On lui apprit que c’était Jésus le Nazaréen qui passait.
Il s’écria : « Jésus, fils de David, prends pitié de moi ! »
Ceux qui marchaient en tête le rabrouaient pour le faire taire. Mais lui criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! »
Jésus s’arrêta et il ordonna qu’on le lui amène. Quand il se fut approché, Jésus lui demanda :
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Il répondit : « Seigneur, que je retrouve la vue. »
Et Jésus lui dit : « Retrouve la vue ! Ta foi t’a sauvé. »
À l’instant même, il retrouva la vue, et il suivait Jésus en rendant gloire à Dieu. Et tout le peuple, voyant cela, adressa une louange à Dieu.


« Ceux qui marchaient en tête l’interpellaient pour le faire taire. Mais lui criait de plus belle »

Entendant le grand bruit que faisait la foule, l’aveugle a demandé : Que se passe-t-il ? On lui a répondu : C’est Jésus de Nazareth. Aussitôt son âme a été embrasée d’une foi dans le Christ si vive qu’il s’est mis à crier : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! » Toi que voilà arrêté au bord du chemin de la vie, qui est si courte, n’as-tu pas envie de crier, toi aussi ? toi qui manques de lumières, qui as besoin de nouvelles grâces pour te décider à rechercher la sainteté. Ne ressens-tu pas un besoin irrésistible de crier : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi » ? Une belle prière courte et fervente, à répéter souvent !
Je vous conseille de méditer lentement les instants qui précèdent ce miracle, afin de bien graver dans votre esprit cette idée si claire : quelle différence entre le Cœur miséricordieux de Jésus et nos pauvres cœurs ! Cette pensée vous aidera toujours, et plus particulièrement à l’heure de l’épreuve, de la tentation, à l’heure aussi où il faut répondre généreusement aux humbles exigences de la vie quotidienne, à l’heure de l’héroïsme. Car « beaucoup rabrouaient cet aveugle pour lui imposer silence ». Toi aussi, quand tu as senti que Jésus passait près de toi, ton cœur a battu plus fort et tu t’es mis à crier, en proie à une agitation profonde. Mais alors tes amis, tes habitudes, ton confort, ton milieu t’ont conseillé de te taire, de ne pas crier : « Pourquoi appeler Jésus ? Ne le dérange pas ! »
Cet aveugle malheureux, lui, ne les écoute pas. Il crie au contraire encore plus fort : « Fils de David, aie pitié de moi ! » Le Seigneur, qui l’avait entendu dès le début, le laisse persévérer dans sa prière. Il en va de même pour toi. Jésus perçoit instantanément l’appel de notre âme, mais il attend. Il veut que nous soyons bien convaincus que nous avons besoin de lui. Il veut que nous le suppliions, avec obstination, comme cet aveugle au bord du chemin. Comme le dit saint Jean Chrysostome : « Imitons-le. Même si Dieu ne nous accorde pas à l’instant ce que nous lui demandons, même si la multitude essaie de nous détourner de notre prière, ne cessons pas de l’implorer ».

Saint Josémaria Escriva de Balaguer (1902-1975)
prêtre, fondateur
Homélie in Amigos de Dios (trad. Amis de Dieu, Laurier 2000, p. 241 rev.)

Nous sommes dans la période des dédicaces. Dans le calendrier liturgique, en effet, nous avons eu le dimanche précédent la Toussaint l’occasion de célébrer la dédicace des églises. Les nôtres sont célébrées le jour de Ste Thérèse ou le dimanche le plus proche et vers le 8 décembre pour la paroisse de l’Immaculée Conception.

La dédicace c’est donc le saint à qui est consacré l’église bâtie. Un nom de baptême en quelque sorte. Car toutes les églises sont consacrées aux noces de l’humanité avec le Verbe créateur.

Récemment, le 9 novembre, nous avons fêté la dédicace de Saint Jean du Latran, la cathédrale du pape, en tant qu’évêque de Rome. Le 18 novembre, nous fêterons celles des basiliques Sant Pierre de Rome et de Saint Paul hors les murs. J’ai eu la bonne idée de naître entre toutes ces célébrations, peut-être est-ce de là que m’est venue ma passion pour les architectures sacrées qui s’est depuis confirmée par un des enseignements que je donne à la Catho.

Nos églises ne sont pas en effet des bâtiments commodes pour rassembler du monde. Ils sont déjà ça et c’est beaucoup ! Car dans les religions qui nous précèdent, nul n’entre dans le temple. Le culte et l’autel des sacrifices sont au-dehors, devant le temple. Nous, nous sommes entrés, à l’intérieur du temple, nous en sommes. Nous sommes le temple !

Il n’y a plus de Saint des Saint qui soit absolument interdit, insaisissable, comme au temple de Jérusalem. Il n’y a plus de séparation entre Celui qui est célébré et nous, parce que c’est Lui qui a déchiré le voile du temple, c’est Lui qui est venu parmi nous et s’est fait l’un de nous. Dès lors, nous entrons dans le temple car nous sommes l’espace saint où à Dieu est rendu la louange. Dès lors quand nous sommes réunis pour la louange, Il est là.

Le bâtiment qui nous reçoit est consacré par le rituel de la dédicace. Nous lui reconnaissons les vertus de l’accueil. Sa vocation est qu’en son dedans, nous soyons sans cesse engendrés comme fils de Dieu par le fait de l’Esprit Saint. C’est pourquoi dans les 8 premiers siècles, Marie est image de l’Eglise.

L’église est un corps féminin.

Elle est tellement un corps engendrant la vie qu’il reçoit les rites du baptême : onction de saint Chrême, réception de la lumière et aspersion d’eau. Les croix de consécration rappellent ce baptême.

 

Je disais que les églises ne sont pas seulement, pas d’abord des vastes salles commodes pour recevoir plein de gens ! Bien sûr qu’elles le sont puisqu’il faut « faire corps » ces gens qui ne sont plus des gens mais une communauté qui ébauche le Corps du Christ en se recevant de Lui. En plus de cela ou plus exactement, et dès le IVe siècle, elles sont transfiguration de la matière, salut du Cosmos. C’est pourquoi elles sont belles, ornées, d’une facture extraordinaire. Un temple protestant peut fort bien s’accommoder d’un gymnase ou d’une salle de cinéma. Pas nous ! Parce qu’avec nous, c’est le salut de la matière qu’il faut célébrer. Nous avons à travers les siècles œuvrer pour porter la lumière à la terre, au roc, nous lui avons imprimé les images de nos paraboles et paroles de la Bible, nous l’avons dressée jusqu’au ciel. Par cette matière soulevée en forme de louange et d’hospitalité, nous nous sommes joints à la Création qui attend elle aussi le salut.

P Bernard Klasen

« Le jour où le Fils de l’homme se révélera » (Lc 17, 26-37)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Comme cela s’est passé dans les jours de Noé,
ainsi en sera-t-il dans les jours du Fils de l’homme.
On mangeait, on buvait, on prenait femme, on prenait mari,
jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche
et où survint le déluge qui les fit tous périr.
Il en était de même dans les jours de Loth :
on mangeait, on buvait,
on achetait, on vendait,
on plantait, on bâtissait ;
mais le jour où Loth sortit de Sodome,
du ciel tomba une pluie de feu et de soufre
qui les fit tous périr ;
cela se passera de la même manière
le jour où le Fils de l’homme se révélera.
En ce jour-là, celui qui sera sur sa terrasse,
et aura ses affaires dans sa maison,
qu’il ne descende pas pour les emporter ;
et de même celui qui sera dans son champ,
qu’il ne retourne pas en arrière.
Rappelez-vous la femme de Loth.
Qui cherchera à conserver sa vie la perdra.
Et qui la perdra la sauvegardera.
Je vous le dis :
Cette nuit-là, deux personnes seront dans le même lit :
l’une sera prise, l’autre laissée.
Deux femmes seront ensemble en train de moudre du grain :
l’une sera prise, l’autre laissée. »
Prenant alors la parole, les disciples lui demandèrent :
« Où donc, Seigneur ? »
Il leur répondit :
« Là où sera le corps,
là aussi se rassembleront les vautours. »


Partage

En ce vendredi et depuis dimanche de la 32ème semaine du temps ordinaire, les lectures nous invitent à la vigilance, à nous tenir toujours prêt pour accueillir notre Seigneur. Il va venir à notre rencontre, nous accueillir dans la perfection de son amour. La venue du Seigneur sera un moment universel et personnel : pour tous les hommes et pour chaque homme. Elle s’inscrira dans la continuité avec notre vie ordinaire, un lieu de maturation de la communion avec lui. Le jour du Fils de l’homme est ce ferment qui féconde notre temps quotidien, période souvent propice à l’endormissement.

Dans un monde actuel tourné vers le spectaculaire, l’extraordinaire et la performance, nous avons effectivement un peu de mal à vivre dans un ordinaire qui ne nous stimule pas assez. C’est pourtant dans le quotidien, dans cette vie ordinaire (en train de moudre du grain, de dormir, de se marier, d’acheter, de manger, de vendre) que nous devons nous préparer à la rencontre du Seigneur, que construisons en profondeur ce qui fait l’essentiel de notre foi. Ce confinement ne nous permet pas de célébrer liturgiquement (publiquement et ecclésialement) les moments solennels et extraordinaires de notre foi : c’est pourtant le moment favorable pour intégrer davantage la rencontre avec Dieu dans le cours quotidien de notre vie. La communion avec le Seigneur ne s’improvise pas, elle se prépare : la vie ordinaire est l’espace qui nous permet de mettre en place des habitudes sanctificatrices de notre existence. Aucune foi ne peut grandir sans être incarnée dans la vie courante. Aucun engagement ne tient tant qu’il ne fait pas partie de nous-mêmes au point de se constituer en deuxième nature. Sinon, les moments et les émotions fortes, les spectaculaires resterons des illusions passagères.

Prions pour nos engagements quotidiens en tant qu’homme, quelles que soient leur forme et leur densité (la vie familiale et sociale, le travail, les études, le service paroissial…), qu’ils nous permettent de préparer la rencontre avec notre Seigneur, qu’ils soient des lieux de témoignage, de communion et de fraternité, nous permettant de nous ouvrir à l’inattendu.

P Tiana Rado

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 17,20-25.

En ce temps-là, comme les pharisiens demandaient à Jésus quand viendrait le règne de Dieu, il prit la parole et dit : « La venue du règne de Dieu n’est pas observable.
On ne dira pas : “Voilà, il est ici !” ou bien : “Il est là !” En effet, voici que le règne de Dieu est au milieu de vous. »
Puis il dit aux disciples : « Des jours viendront où vous désirerez voir un seul des jours du Fils de l’homme, et vous ne le verrez pas.
On vous dira : “Voilà, il est là-bas !” ou bien : “Voici, il est ici !” N’y allez pas, n’y courez pas.
En effet, comme l’éclair qui jaillit illumine l’horizon d’un bout à l’autre, ainsi le Fils de l’homme, quand son jour sera là.
Mais auparavant, il faut qu’il souffre beaucoup et qu’il soit rejeté par cette génération. »


Isaac le Syrien (7e siècle)
moine près de Mossoul
Discours, 1ère série, n°30 (trad. Touraille, DDB 1981, p. 188 rev.)

« Le Royaume de Dieu est au milieu de vous et au dedans de vous »
L’action de grâce, la gratitude de celui qui reçoit incite celui qui donne à donner toujours davantage. Mais celui qui ne rend pas grâce pour les plus petites choses ne peut être que menteur et injuste dans les grandes. Celui qui est malade et qui connaît sa maladie peut demander la guérison ; celui qui reconnaît sa souffrance est proche de sa guérison, et il la trouvera facilement…

Souviens-toi de la chute de ceux qui se croyaient forts, et sois humble en tes vertus… Chasse-toi toi-même, et ton ennemi sera chassé loin de toi. Apaise-toi toi-même, et le ciel et la terre te combleront de paix. Efforce-toi d’entrer dans le trésor de ton cœur, et tu verras le trésor du ciel. Car l’un et l’autre sont le même. Entrant dans l’un, tu contemples les deux. L’échelle de ce Royaume est en toi, cachée dans ton âme. Plonge en toi-même pour y découvrir ton péché : c’est là que tu trouveras les degrés par lesquels tu pourras t’élever… : « Le Royaume des cieux est en vous. »

Les Églises d’Orient l’appellent aussi « saint Martin le Miséricordieux ». Il est né en Pannonie, l’actuelle Hongrie, sur les frontières de l’empire romain où son père était en garnison. A 15 ans, il est soldat car la loi romaine obligeait les fils de soldats à s’enrôler dans l’armée. Il est muté en Gaule et c’est là, qu’à Amiens, il rencontre le pauvre grelottant à qui il donne son manteau  et dont il apprend durant la nuit que c’est le Christ qui lui a fait cette demande.

Il hésitait à devenir chrétien, il s’y décide enfin. Il quitte l’armée pour rejoindre saint Hilaire à Poitiers. Avec lui, il fonde le premier monastère des Gaules, à Ligugé, en Poitou.

C’est là qu’il sera enlevé par les habitants de Tours qui en font leur évêque. Mais l’ancien soldat devenu chrétien ne s’enfermera pas dans sa cité. Il évangélisera parcourant les campagnes jusqu’à sa mort, à Candes.

Moine-évêque missionnaire, Apôtre de la Gaule, Saint Martin est le premier saint à être vénéré sans avoir subi le martyre. Ses dernières paroles adressées à Dieu: (**) »Seigneur, en voilà assez de batailles que j’ai livrées pour toi. Je voudrais mon congé. Mais si tu veux que je serve encore sous ton étendard, j’oublierai mon grand âge. »
Martin, déjà de son vivant, eut un rayonnement immense qui se poursuit dans son culte après sa mort. De tous ses hauts faits, l’épisode du manteau donné au pauvre reste le plus éclatant, les membres du commissariat chargé de soutenir les militaires (nourriture, vêtement…) ne pouvaient trouver meilleur saint protecteur pour accomplir jusqu’au bout leur mission y compris en faveur du plus humble des soldats, comme s’il s’agissait du Christ.

…Martin conserve, dans son ministère d’évêque, la charité de sa première rencontre avec le Christ. Un jour qu’un pauvre entrait dans la sacristie de sa cathédrale au moment où il revêtait les habits pontificaux, Martin se défit de sa tunique et la lui offrit, au scandale de son pieux entourage…

– « c’est à l’occasion de ce trajet de retour que sur son chemin les arbres et les fleurs refleurirent malgré que ce ne fût pas le moment ce qui nous donna l’été de la saint Martin qui revient à chaque automne au moment souvent appelé par les médias l’été indien. »

En ce jour Prions pour demander de contempler en nos frères pauvres le Christ lui-même.

Et de le servir en servant nos frères et méditons l’Evangile pour répondre aux appels du Seigneur dans l’ordinaire de nos vies !

 

De l’Evangile selon Saint Matthieu – chapitre 25, versets 31 à 46

(31)“… Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire,
avec tous les anges, il s’assiéra sur son trône glorieux.
(32) Toutes les nations seront rassemblées devant lui.

Il séparera les uns des autres
comme le berger sépare les moutons des chèvres :
(33) il mettra les moutons à sa droite et les chèvres à sa gauche.
(34) Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite :
« Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ;
héritez le royaume qui a été préparé
pour vous depuis la fondation du monde.
(35) Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ;
j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ;
j’étais étranger et vous m’avez recueilli ;
(36) j’étais nu et vous m’avez vêtu ;
j’étais malade et vous m’avez visité ;
j’étais en prison et vous êtes venus me voir. »
(37) Alors les justes lui répondront :
« Seigneur,
quand t’avons-nous vu avoir faim,
et t’avons-nous donné à manger ?
ou avoir soif, et t’avons-nous donné à boire ?
(38) Quand t’avons-nous vu étranger,
et t’avons-nous recueilli ?
ou nu, et t’avons-nous vêtu ?
(39) Quand t’avons-nous vu malade,
ou en prison, et sommes-nous venus te voir ? »
(40) Et le roi leur répondra :
« Amen, je vous le dis, dans la mesure
où vous avez fait cela pour l’un de ces plus petits,
l’un de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »

(41) Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche :
« Allez-vous-en loin de moi, maudits,
dans le feu éternel préparé pour le diable et pour ses anges.
(42) Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ;
j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire.
(43) J’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli ;
j’étais nu, et vous ne m’avez pas vêtu ;
j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité. »
(44) Alors ils répondront, eux aussi :
« Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim ou soif,
étranger, ou nu, ou malade, ou en prison,
sans nous mettre à ton service ?»
(45) Alors il leur répondra :
« Amen, je vous le dis, dans la mesure
où vous n’avez pas fait cela
pour l’un de ces plus petits,
c’est à moi que vous ne l’avez pas fait. »
(46) Et ceux-ci iront au châtiment éternel,
mais les justes, à la vie éternelle. ..

 

Ce jour, je vous propose un simple exercice de lectio divina.

C’est peut-être la plus traditionnelle et plus ancienne manière de prier qui soit dans le trésor de notre Eglise.

Mais un mot d’abord sur les mots.

Je viens de dire exercice.

Quelle fatigue ! toujours faire des devoirs, des exos !

Prenez-le plutôt comme on fait des exercices de yoga ou même d’étirement. Ou encore comme on apprend à faire la cuisine, il faut s’y exercer.

C’est donc une méthode qu’on acquiert. Entrer dans un texte n’est pas chose innée.

Et chaque sportif vous dira que c’est avec l’entrainement qu’on atteint le plaisir et l’aisance.

Par lectio divina, on entend ordinairement la lecture de la Parole de Dieu, la Bible, ancien et nouveau Testament donc. C’est donc à la rencontre de Celui qui Parole éternelle que nous allons. Ou plus exactement, Il nous attend. Il nous y attend, il habite sa parole, sa Présence vient sourdre des textes que nous allons lire. Quand nous scrutons l’Ecriture, c’est Lui qui nous sonde et descend en nous.

 

 

La lectio comporte mille façons de faire ; ça va de la copie calligraphiée du texte jusqu’à sa mémorisation marmonnée jour et nuit en passant par le goût de la poésie du texte…

Posons notre regard sur le psaume de la messe de ce jour.

Poser son regard, ici il s’agit plutôt de tendre l’oreille car ces quelques lignes n’ont rien de narratives, ce n’est pas une histoire qui est racontée, mais un poème.

PSAUME

(Ps 36 (37), 3-4, 18.23, 27.29)

Le salut des justes vient du Seigneur. 

Fais confiance au Seigneur, agis bien,
habite la terre et reste fidèle ;
mets ta joie dans le Seigneur :
il comblera les désirs de ton cœur.

Il connaît les jours de l’homme intègre
qui recevra un héritage impérissable.
Quand le Seigneur conduit les pas de l’homme,
ils sont fermes et sa marche lui plaît.

Évite le mal, fais ce qui est bien,
et tu auras une habitation pour toujours,
Les justes posséderont la terre
et toujours l’habiteront.

 

Plusieurs exercices donc :

1 ) Repérez les répétitions.

Facile ! c’est « habiter ».

Laissez venir à vous tous ce que ce verbe fait venir au cœur et à l’esprit : repos, maisonnée, famille, chez-soi…

Puis nombre de réminiscences de l’Ecriture :

J’habiterai la maison du Seigneur tous les jours de ma vie

Ce qui veut dire être (demeurer) dans la proximité de Celui qui s’est fait proche.

Maître où demeures-tu ? et ils demeurèrent avec lui, ce jour là

Demeurer avec Dieu, c’est bien notre destinée. Comment laisser faire cette appel sion en le laissant demeurer en nous ?

Laissez faire cette méditation.

2 ) un verset vous plait

Répétez-le. Encore. Encore. Chantez-le. Apprenez-le par cœur.

Tentez de vous le répéter plusieurs fois pendant la journée.

Vous verrez, il va produire du fruit.

Et quand le soir viendra, rendez-grâce à Dieu de vous avoir chuchoter de telles choses.

3 ) Ensuite vous pouvez aussi réfléchir aux juxtapositions poétiques.

Fais confiance au Seigneur, agis bien.

Bien agir, c’est faire confiance au Seigneur, c’est croire contre toutes les accusations de naïveté, qu’on ne se fait pas gruger, mais que le monde est plus beau parce que j’agis bien.

Mais aussi : c’est parce que j’ai foi en Dieu, que je ne pense pas que les choses sont sans autre sens que de me « rapporter », que je peux agir avec gratuité et joie.

Évite le mal, fais ce qui est bien, et tu auras une habitation pour toujours ;

La même idée, mais cette fois-ci quelque chose de l’Éternel s’est instillé.

Tant il est vrai que ceux qui font le mal sont littéralement « hors d’eux-mêmes », puisque notre vocation nous établit à l’image et à la ressemblance de Dieu. Par nature l’homme n’est pas enclin au mal, c’est par erreur qu’il l’est, par dévoiement. Le bonheur est dans le bien que nous recevons et dans le bien que nous partageons. Notre âme et notre cœur le savent bien, depuis toujours. Depuis ceux qui nous ont aimé, et de ce fait, qui nous ont grandis et nous ont donné d’habiter notre vie. Je rends grâce à Dieu pour ceux-là dont les noms sont inscrits en moi.

 

A suivre

PBK