Dimanche 15 novembre – Les dédicaces

Nous sommes dans la période des dédicaces. Dans le calendrier liturgique, en effet, nous avons eu le dimanche précédent la Toussaint l’occasion de célébrer la dédicace des églises. Les nôtres sont célébrées le jour de Ste Thérèse ou le dimanche le plus proche et vers le 8 décembre pour la paroisse de l’Immaculée Conception.

La dédicace c’est donc le saint à qui est consacré l’église bâtie. Un nom de baptême en quelque sorte. Car toutes les églises sont consacrées aux noces de l’humanité avec le Verbe créateur.

Récemment, le 9 novembre, nous avons fêté la dédicace de Saint Jean du Latran, la cathédrale du pape, en tant qu’évêque de Rome. Le 18 novembre, nous fêterons celles des basiliques Sant Pierre de Rome et de Saint Paul hors les murs. J’ai eu la bonne idée de naître entre toutes ces célébrations, peut-être est-ce de là que m’est venue ma passion pour les architectures sacrées qui s’est depuis confirmée par un des enseignements que je donne à la Catho.

Nos églises ne sont pas en effet des bâtiments commodes pour rassembler du monde. Ils sont déjà ça et c’est beaucoup ! Car dans les religions qui nous précèdent, nul n’entre dans le temple. Le culte et l’autel des sacrifices sont au-dehors, devant le temple. Nous, nous sommes entrés, à l’intérieur du temple, nous en sommes. Nous sommes le temple !

Il n’y a plus de Saint des Saint qui soit absolument interdit, insaisissable, comme au temple de Jérusalem. Il n’y a plus de séparation entre Celui qui est célébré et nous, parce que c’est Lui qui a déchiré le voile du temple, c’est Lui qui est venu parmi nous et s’est fait l’un de nous. Dès lors, nous entrons dans le temple car nous sommes l’espace saint où à Dieu est rendu la louange. Dès lors quand nous sommes réunis pour la louange, Il est là.

Le bâtiment qui nous reçoit est consacré par le rituel de la dédicace. Nous lui reconnaissons les vertus de l’accueil. Sa vocation est qu’en son dedans, nous soyons sans cesse engendrés comme fils de Dieu par le fait de l’Esprit Saint. C’est pourquoi dans les 8 premiers siècles, Marie est image de l’Eglise.

L’église est un corps féminin.

Elle est tellement un corps engendrant la vie qu’il reçoit les rites du baptême : onction de saint Chrême, réception de la lumière et aspersion d’eau. Les croix de consécration rappellent ce baptême.

 

Je disais que les églises ne sont pas seulement, pas d’abord des vastes salles commodes pour recevoir plein de gens ! Bien sûr qu’elles le sont puisqu’il faut « faire corps » ces gens qui ne sont plus des gens mais une communauté qui ébauche le Corps du Christ en se recevant de Lui. En plus de cela ou plus exactement, et dès le IVe siècle, elles sont transfiguration de la matière, salut du Cosmos. C’est pourquoi elles sont belles, ornées, d’une facture extraordinaire. Un temple protestant peut fort bien s’accommoder d’un gymnase ou d’une salle de cinéma. Pas nous ! Parce qu’avec nous, c’est le salut de la matière qu’il faut célébrer. Nous avons à travers les siècles œuvrer pour porter la lumière à la terre, au roc, nous lui avons imprimé les images de nos paraboles et paroles de la Bible, nous l’avons dressée jusqu’au ciel. Par cette matière soulevée en forme de louange et d’hospitalité, nous nous sommes joints à la Création qui attend elle aussi le salut.

P Bernard Klasen