« Je recommande ce qui suit comme le meilleur Jeûne pendant ce Carême :

– Jeûnez de mots offensants et transmettez seulement des mots doux et tendres.
– Jeûnez d’insatisfaction/ d’ingratitude et remplissez-vous de gratitude.
– Jeûnez de colère et remplissez-vous de douceur et de patience.
– Jeûnez de pessimisme et soyez optimiste.
– Jeûnez de soucis et ayez confiance en Dieu.
– Jeûnez de lamentations et prenez plaisir aux choses simples de la vie.
– Jeûnez de stress et remplissez-vous de prière.
– Jeûnez de tristesse et d’amertume, et remplissez votre cœur de joie.
– Jeûnez d’égoïsme, et équipez-vous de compassion pour les autres.
– Jeûnez d’impiété et de vengeance, et soyez remplis d’actes de réconciliation et de pardon.
– Jeûnez de mots et équipez-vous de silence et de la disponibilité à écouter les autres.

Si nous pratiquons tous ce style de jeûne, notre quotidien sera rempli de paix, de joie, de confiance les uns dans les autres et de vie.

Ainsi soit-il. »

Pape François 

QUATRE SAINTS À INVOQUER EN CARÊME

Dans la Lettre apostolique Patrice corde (8 décembre 2020) le Pape François écrit en finale : « La mission spécifique des saints est non seulement d’accorder des miracles et des grâces, mais d’intercéder pour nous devant Dieu. (…) Ils aident tous les fidèles à chercher la sainteté et la perfection propres à leur état. Leur vie est une preuve concrète qu’il est possible de vivre l’Évangile. »

Voilà pourquoi nous vous proposons quatre figures de sainteté capables de nous accompagner au long de ce Carême.

 

Bienheureuse Paul-Hélène Saint-Raymond, apôtre de la fraternité (1927-1994)

Elle est au nombre, avec en particulier les moines de Tibhirine, des « Dix-neuf martyrs d’Algérie » qui furent béatifiés à Oran le 8 décembre 2018.

Hélène naît à Paris ; elle est la huitième d’une famille profondément chrétienne de dix enfants. Elle accomplira toute sa scolarité à Sainte-Marie de Neuilly avant de préparer une licence de physique-chimie à La Sorbonne, ce qui l’amènera à fréquenter le Centre Richelieu (aumônerie des étudiants de Paris) et même à en être présidente. Une fois diplômée, elle entre comme ingénieur à L’Institut Français du Pétrole à Rueil-Malmaison (Neuilly et Rueil font partie de notre Diocèse).

Cependant, elle pensait à la vie religieuse et elle n’aura plus de doute après un pèlerinage en Terre Sainte vécu avec son jeune frère André (qui est prêtre du diocèse de Saint-Denis) : en 1952 elle entre chez les Petites Sœurs de l’Assomption. Celle qui devient Sœur Paul-Hélène prononce ses premiers vœux en 1954. Au cours de son noviciat elle sera travailleuse familiale et fera des études d’infirmière. À la veille de ses vœux solennels, en 1960, elle écrira : « J’ai le désir profond d’une disponibilité totale… où Dieu voudra. »

Trois ans plus tard elle est envoyée à Alger pour être la responsable d’un centre médicosocial tenu par les religieuses : c’est le début de l’indépendance du pays. La Sœur se donne pleinement à son travail, quitte à épuiser ses compagnes… et à s’épuiser elle-même.

En 1974 elle part pour Tunis puis pour Casablanca. Dix ans plus tard après un indispensable séjour de repos en France, elle revient en Algérie où elle sera infirmière scolaire à 160 kilomètres au sud de la capitale. Elle a régulièrement l’occasion de se rendre au monastère de Tibhirine.

Au moment de la retraite professionnelle, en 1988, c’est le retour à Alger, dans une petite communauté de trois sœurs. Pour autant elle ne sera pas inactive : celle qui parle l’arabe et même le dialecte local propose ses services au frère mariste Henri Vergès (arrivé en Algérie en 1969) qui accompagne des jeunes grâce à une bibliothèque installée dans la Casbah.

À partir de 1989 la situation politique se dégrade, des menaces sont proférées à l’égard des étrangers. Bien qu’elle se soit faite un jour agressée, Sœur Paul-Hélène accomplit chaque jour à pied le long trajet de trois-quarts d’heure qui sépare de quartier de Belcourt où réside sa communauté de celui de la bibliothèque. À Monseigneur Henri Tessier, archevêque d’Alger, qui lui recommandait la prudence elle répond : « Mais, Père, de toutes façons nos vies sont déjà données. »

Durant cette période troublée elle part de nouveau en pèlerinage avec son frère André, cette fois-ci à Tamanrasset à la rencontre de Charles de Foucauld. André se souvient : « Elle se sentait solidaire de tous les algériens et aurait considéré un peu comme une trahison de les abandonner au moment de la tourmente. » et encore : « Très respectueuse de la foi et de la religion musulmane, elle vivait sa propre vocation chrétienne sans peur ni ostentation : elle était libre. »

En novembre 1993 le GIA (Groupe Islamique Armé) lance un ultimatum à tous les étrangers : ils doivent partir. Largement appréciés, les religieux bénéficiaient pourtant de la protection de leur entourage et de plus ils prenaient des précautions pour leur sécurité. Malgré cela Sœur Paul-Hélène et le Frère Henri seront les premières victimes du groupe des dix-neuf martyrs (signalons que cette guerre civile a fait 200 000 victimes dont une centaine d’imans).

Le 8 mai 1994, alors qu’elle est à son poste à l’accueil de la bibliothèque, la Sœur meurt d’une balle de révolver dans la nuque avant que ses assassins ne s’en prennent au Frère.

Elle est inhumée au cimetière chrétien Belfort à El Harach, dans la banlieue d’Alger, auprès du Frère Henri et d’autres martyrs.


Puisse le témoignage rendu par ces baptisés d’époques et de conditions différentes nous encourager à avancer, nous aussi, sur le chemin de la sainteté : ils ont pris l’Évangile au sérieux et ils ont consenti à se laisser transformer par l’énergie de la grâce. La Bonne Nouvelle leur a donné l’audace de la conversion toujours possible.

Que la lumière qu’ils font briller sur l’Église nous éclaire afin que le temps de ce Carême nous permette de lire dans l’espérance cette promesse divine : « Vous vous sanctifierez et vous serez saints car moi, le Seigneur, je suis saint. » (Lv 11, 44).

Mgr Yvon Aybram

QUATRE SAINTS À INVOQUER EN CARÊME

Dans la Lettre apostolique Patrice corde (8 décembre 2020) le Pape François écrit en finale : « La mission spécifique des saints est non seulement d’accorder des miracles et des grâces, mais d’intercéder pour nous devant Dieu. (…) Ils aident tous les fidèles à chercher la sainteté et la perfection propres à leur état. Leur vie est une preuve concrète qu’il est possible de vivre l’Évangile. »

Voilà pourquoi nous vous proposons quatre figures de sainteté capables de nous accompagner au long de ce Carême.

 

L’abbé Daniel Joëssel, apôtre de la jeunesse (1908-1940)

N.B. Ce prêtre ne fait pas partie de la liste officielle des saints et bienheureux reconnus par l’Église, mais un groupe de fidèles émanant de plusieurs diocèses (dont celui de Nanterre) projette de présenter sa cause. Nous pouvons le considérer comme l’un de ces « saints de la porte d’à-côté » dont parle le Pape François : « ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu, ou, pour employer une autre expression, ‘‘la classe moyenne de la sainteté’’. » (Exhortation apostolique Gaudete et Exsultate, 2018).

Il faut noter que très vite après sa mort une biographie aux allures d’hagiographie a été publiée par le journaliste François Veuillot, le père de celui qui deviendra archevêque de Paris, le cardinal Pierre Veuillot qui, au début de son ministère, fut vicaire à Asnières où il connut et apprécia l’abbé : « Un vicaire en banlieue – l’abbé Daniel Joëssel », collection « Belles vies sacerdotales », Bloud et Gay, Paris, 1942, 224 pages.

 

Daniel naquit à Audincourt, en Franche-Comté, où son père dirigeait une grande usine métallurgique. Il est le quatrième et dernier de la fratrie. Il a une dizaine d’années lorsque la famille vient s’installer à Versailles : « Dani » ira au collège eudiste Saint-Jean-de-Béthune avec ses frères ; ils n’y resteront qu’une année. Il finira ses études secondaires au collège parisien Saint-Ignace fondé par les jésuites.

Il milite à l’œuvre de la Sainte-Enfance (aujourd’hui Enfance missionnaire) et aime annoncer : « Celui-là, maman, je l’ai eu ! » À ses parents qui s’inquiète de ce zèle parfois excessif, un professeur réponds : « On l’aime et on le suit ! »

Très tôt il se sent appelé au sacerdoce et à quinze ans il rêvait de missions lointaines. Mais après une retraite à l’abbaye bénédictine de Solesmes (Sarthe) il décide de devenir moine : à cause de son âge et de sa santé, l’Abbé et ses parents lui conseillent de sursoir…

Il entre à 19 ans au Séminaire français de Rome au titre du diocèse de Paris, mais sa santé l’oblige à le quitter au bout d’un an.

L’année suivante, en novembre 1928, il revient à Solesmes ; mais une nouvelle fois sa santé le contraint à renoncer dès le mois de février suivant. Cependant toute sa vie il gardera la nostalgie de la vie contemplative.

En 1930, son service militaire terminé, il rejoint le Séminaire de l’Institut Catholique de Paris (Séminaire des Carmes). Durant sa formation il répondit à l’appel du curé de Montesson (Yvelines) pour aller assurer le catéchisme d’une banlieue défavorisée avec l’aide d’une « escouade d’hommes catéchistes » qu’il sut recruter parmi ses anciens condisciples de lycée.

Il sera ordonné prêtre en 1934. En 1935 il est nommé vicaire à la paroisse Sainte-Geneviève d’Asnières qui fait à cette époque partie du diocèse de Paris : il y sera spécialement actif auprès des jeunes que ce soit le Patronage, les colonies de vacances, les Scouts, les Cœurs Vaillants, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) ou la Jeunesse Étudiante Chrétienne (JEC). Il aimait répéter : « Que tous soient un ! » (Jn 17, 21).

Appuyé par son curé il parvint à bâtir de nouveaux locaux pour le patronage qu’il développa considérablement. On acheta pour cela un terrain sur lequel furent progressivement édifiés des bâtiments propres à accueillir les activités des enfants et des jeunes : il sut s’y montrer bon animateur et bon administrateur. Il participera également aux débuts de la nouvelle église Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours (dont la première pierre fut posée en 1933) : il y animera, par exemple, des « Journées des malades ».

S’il savait très bien conduire des groupes il avait aussi un grand désir d’accompagner personnellement les uns et les autres, surtout au moment d’épreuves arrivant dans leur vie. Beaucoup témoignent de sa bienveillance et de « son sourire permanent ». Il savait collaborer et avec ses confrères et avec des laïcs, discerner et développer les capacités des jeunes à assumer des responsabilités.

L’abbé eut tout au long de son trop bref ministère un grand désir de susciter chez ses jeunes des vocations sacerdotales. En 1953 l’un de ceux qui lui doivent pour une part leur désir de devenir prêtre peut dénombrer sept jeunes asniérois qui sont dans son cas.

Lorsque survient la Seconde Guerre mondiale le lieutenant d’artillerie Joëssel est mobilisé et rejoint le front en septembre 1939. Bien conscient de la fin qui pouvait l’attendre il confia à son curé : « J’offre le sacrifice (de ma vie) surtout pour qu’il y ait des prêtres qui me remplacent et qui tâchent aussi amener des âmes au vrai Royaume de la Charité. » Et à un autre prêtre : « J’ai fait tout ce que j’ai pu pour mes gosses, j’ai donné tout ce que j’ai pu donner ; maintenant je n’ai plus qu’à mourir pour eux. »

Ses supérieurs militaires comme ses subordonnés furent marqués par la grande qualité de sa présence en toutes circonstances. Le 20 mai 1940 il est blessé et hospitalisé en Belgique où il mourra quelques jours plus tard. Il aura cependant le temps de dicter une lettre à sa famille, une autre à son curé et la dernière à un ami prêtre. Il sera inhumé sur place, à Ciney. Il recevra la Légion d’Honneur à titre posthume avec cette citation : « Magnifique entraîneur d’hommes, dont l’activité et la calme bravoure ont fait l’admiration de tous. »

En 1949, accueilli par le cardinal Maurice Feltin, archevêque de Paris, son corps est transféré dans un tombeau installé dans l’église Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours. Sur l’épitaphe on lit : « Par son zèle joyeux et conquérant, par son esprit de prière et de pénitence, il offrit le sacrifice de sa vie pour la persévérance de ses enfants et pour le sacerdoce ».

Mgr Yvon Aybram

 

 

Chers frères et sœurs du diocèse de Nanterre,

chers amis des Hauts-de-Seine,

« Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut » (2 Corinthiens 6, 2). Voilà ce que proclame saint Paul dans un texte que nous entendons chaque année au seuil du carême.

Une telle proclamation n’est-elle pas excessivement décalée par rapport à ce que nous vivons aujourd’hui ? Voilà près d’un an que nos vies sont compliquées par une crise sanitaire qui traîne en longueur, le couvre-feu bride sévèrement la vie paroissiale, amicale, économique, sportive, culturelle, l’épée de Damoclès d’un nouveau confinement ou d’une mutation inédite du coronavirus ne cessent de nous menacer : à vues humaines, le temps présent est tout sauf un moment favorable !

Je vous encourage cependant à écouter la proclamation de saint Paul dans toute son extension : « Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut », c’est-à-dire de l’amour de Dieu qui vient nous libérer de tout ce qui nous empêche de vivre en plénitude. L’inquiétude, le découragement, la colère pèsent sur nos cœurs mais le carême nous invite à dépasser ces attitudes négatives en menant avec le Christ le combat de l’espérance persévérante.

Depuis un an, certains d’entre nous ont découvert ou redécouvert le bienfait de la prière et du partage de la Parole de Dieu en couple, en famille, avec des amis ou entre voisins : approfondissons ces expériences vivifiantes. La générosité à laquelle nous convoque le carême ouvre le cœur à des horizons plus vastes que nos incertitudes sanitaires immédiates. Le jeûne, qui met à l’unisson le corps le cœur, peut nous délivrer de l’excessive numérisation de nos existences et approfondir notre goût de l’eucharistie.

Nous ne savons pas encore exactement comment nous célèbrerons la Semaine Sainte mais nous sommes sûrs que la lumière de la Résurrection sera au rendez-vous. Les nombreux catéchumènes, jeunes et adultes, solennellement appelés au baptême, ont besoin du témoignage de notre fermeté dans la foi comme nous pouvons nous appuyer sur leur détermination enthousiaste. L’an dernier, nous avons pavoisé le dimanche des Rameaux, de manière joyeuse et créative : je vous encourage à persévérer dans ce mouvement et à l’amplifier. Sans doute y a-t-il quelque chose à imaginer aussi pour exprimer visiblement la joie immense de Pâques.

Accompagnés, à l’initiative du Pape François, par saint Joseph, homme de courage, de confiance et de simplicité, entrons résolument dans la grâce du carême. Voici en vérité le temps favorable de notre salut !

+ Matthieu Rougé Evêque de Nanterre

QUATRE SAINTS À INVOQUER EN CARÊME

Dans la Lettre apostolique Patrice corde (8 décembre 2020) le Pape François écrit en finale : « La mission spécifique des saints est non seulement d’accorder des miracles et des grâces, mais d’intercéder pour nous devant Dieu. (…) Ils aident tous les fidèles à chercher la sainteté et la perfection propres à leur état. Leur vie est une preuve concrète qu’il est possible de vivre l’Évangile. »

Voilà pourquoi nous vous proposons quatre figures de sainteté capables de nous accompagner au long de ce Carême.

 

Saint Vincent de Paul, apôtre de la charité (1581-1660)

Vincent naît à Pouy, dans les Landes. En 1828 la commune prendra le nom de Saint-Vincent-de-Paul.

Il est le troisième d’une fratrie de six ; ses parents sont des paysans de la classe moyenne. Il reçoit d’eux une foi vivante. Son intelligence est vite repérée et il sera encouragé à s’investir dans les études en vue de la prêtrise : ses parents investissent dans cette perspective et vendent une paire de bœufs pour financer le projet.

Il parvient à se faire ordonner prêtre par l’évêque de Périgueux en 1600 alors qu’il n’a que 19 ans : pour lui il fallait aller vite pour pouvoir le plus rapidement possible recevoir le bénéfice financier d’une paroisse… Il ira pour cela à Bordeaux, à Rome… On ne connaît pas son itinéraire exact, mais il semble que, capturé par des pirates, il ait été quelques temps esclave en Tunisie ?

Toujours est-il qu’on le retrouve à Paris en 1608 où il parvient à occuper le poste d’aumônier (chargé de distribuer des libéralités) de la reine Marguerite de Valois (première épouse d’Henri IV) : il côtoie la pauvreté, le manque d’hygiène, la maladie…

Deux ans plus tard c’est la rencontre décisive avec Pierre de Bérulle (qui bientôt fondera la congrégation de l’Oratoire). Devenu son conseiller spirituel, il l’initie à la spiritualité de l’« École française de spiritualité » qui marquera profondément la réforme de l’Église de notre pays dans la mouvance du concile de Trente (1545-1563) : les prêtres sont invités à vivre leur sacerdoce avec sérieux, en se formant pour s’enraciner dans le Christ et se mettre au service du peuple.

Après avoir traversé une crise intérieure, en 1612, Vincent se voit proposer par le futur cardinal une cure dans la campagne parisienne d’alors, à Clichy (dans l’actuel diocèse de Nanterre). Ce sera le lieu de sa conversion définitive au contact de ce peuple de paysans dont la prière l’émeut profondément et au milieu duquel il résidera (chose rare à l’époque…). L’« heureux curé de Clichy » (comme il le dira lui-même) restaure l’église en ruine, se met au service de ses fidèles, visite les malades, prêche, enseigne…

Toujours grâce à Monsieur Bérulle il entre au service de la puissante famille des Gondi : Philippe-Emmanuel est le général des galères du Royaume. Vincent devient le précepteur de ses enfants et accompagne Françoise-Marguerite qui gère les terres familiales. De nouveau il rencontre la pauvreté matérielle et spirituelle des gens des campagnes et se met à leur service avec l’aide de Madame de Gondi.

En 1617 il devient curé de Châtillon-les-Dombes (près de Lyon). Apprenant qu’une famille est dans une grande précarité, il le signale au cours de la messe et déclenche un élan de solidarité. Devant ce mouvement le prêtre s’interroge quant à la manière de l’organiser de façon efficace. Il rassemble des dames pieuses et généreuses, leur donne un règlement où il s’agit de servir les pauvres « comme s’il s’agissait de Dieu lui-même » : ce sera le début des « charités » ancêtres de nos actuelles Équipes Saint-Vincent-de-Paul.

Après être devenu en 1619 ce que l’on pourrait appeler l’aumônier général des galères et des bagnes, il se rend compte qu’il ne peut suffire à la tâche et fonde la Congrégation de la Mission (avec les subsides des Gondi), une société de prêtres missionnaires qui acceptent de « suivre le Christ évangélisateur des pauvres » : ce seront les Lazaristes ; la reconnaissance romaine viendra en 1633.

La réputation de Monsieur Vincent se répandant, des évêques font appel à lui pour la formation des prêtres ; il met alors sur pied des retraites d’ordinands, des conférences pour les prêtres. En 1641 il ouvre un séminaire à Annecy : c’est l’époque où Jean-Jacques Olier fonde la compagnie des prêtres de Saint-Sulpice dans le même objectif.

Parallèlement les Charités (dont sainte Louise de Marillac reçut la responsabilité en 1629) se sont multipliées et, pour aider les dames, de « simples filles de village » se présentent : la première sera Marguerite Naseau, vachère à Suresnes. C’est en 1633 le début de la Compagnie des Filles de la Charité (les Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul).

Avec l’aide de ces collaboratrices, en 1638, il met en place « l’œuvre des Enfants trouvés de Paris ». Installée sur le parvis de Notre-Dame, elle reçoit les nouveaux-nés et les enfants en bas âge. Dix ans plus tard elle accueillait plusieurs centaines de petits.

En 1643 la reine Anne d’Autriche (veuve de Louis XIII) l’appelle au Conseil de conscience qui nomme les évêques et les abbés de monastères.

Le corps épuisé, il meurt à 79 ans ; une foule immense mêlant aristocrates et gens du peuple assiste à ses obsèques. Béatifié en 1729 il sera canonisé en 1737 et déclaré patron des instituts de charité. Sa dépouille est vénérée dans la chapelle des Lazaristes (95 rue de Sèvres à Paris).

Celui qui voulait devenir prêtre pour s’assurer une « honnête retirade » s’est laissé travailler par la rencontre des précaires et par la grâce de Dieu. Il a cherché à répondre aux besoins de son temps : les pauvres et les prêtres. Son œuvre se poursuit actuellement sur tous les continents grâce aux congrégations et aux œuvres qu’il a fondées et aussi grâce à celles et ceux dont il a inspiré l’engagement, à commencer par le bienheureux Frédéric Ozanam (1813-1853).

Mgr Yvon Aybram

 

QUATRE SAINTS À INVOQUER EN CARÊME

Dans la Lettre apostolique Patrice corde (8 décembre 2020) le Pape François écrit en finale : « La mission spécifique des saints est non seulement d’accorder des miracles et des grâces, mais d’intercéder pour nous devant Dieu. (…) Ils aident tous les fidèles à chercher la sainteté et la perfection propres à leur état. Leur vie est une preuve concrète qu’il est possible de vivre l’Évangile. »

Voilà pourquoi nous vous proposons quatre figures de sainteté capables de nous accompagner au long de ce Carême.

 

Sainte Geneviève, apôtre de la confiance (421-502)

Fille unique de Severus et Gerontia, deux aristocrates catholiques gallo-romains, Geneviève naît à Nanterre alors que la Gaule menacée par des hordes barbares et par des hérésies vit des temps difficiles. Nous possédons un récit fiable de sa vie rédigé seulement dix-huit ans après sa mort.

L’enfant n’a que 7 ou 8 ans ; saint Germain, l’évêque d’Auxerre, fait escale à Nanterre durant le voyage qui le conduit en Angleterre où il est envoyé par le Pape en mission d’évangélisation. Au milieu de la foule venue l’accueillir au port, le prélat remarque la fillette et promet à ses parents : « Elle sera grande devant le Seigneur. » Dans un dialogue saisissant Germain demande : « Geneviève, ma fille, veux tu être consacrée au Christ dans la vie religieuse ? » – « Bénis-sois-tu, père, tu vas au-devant de mes désirs. » – « Aie confiance, ma fille. Conduis-toi avec fermeté. » Avant de réembarquer il lui remet une médaille frappée de la croix : elle la conservera tout au long de son existence.

C’est aussi à Nanterre que se déroulera le premier miracle. Alors que la petite veut se rendre à l’église, elle se heurte au refus de Gerontia qui estime qu’elle y passe trop de temps. Devant l’insistance de sa fille, elle la gifle ! Aussitôt la femme devient aveugle… Les mois passent, toutes les deux pleurent beaucoup et se réconcilient. Prenant soin de sa mère Geneviève va puiser de l’eau pour elle au puits que l’on voit toujours dans le jardin de la Cathédrale. Un jour elle eut l’idée de tracer le signe de la croix sur cette eau avant de laver les yeux de l’infirme : progressivement celle-ci recouvra la vue.

À la mort de ses parents, Geneviève hérite de leurs biens – qui sont grands – et des prérogatives paternelles : ainsi, alors qu’elle vient habiter Paris chez sa marraine, elle y exercera la charge de curiale (cf. membre du conseil municipal). On sait que lorsqu’elle aura une vingtaine d’années elle « fut conduite à l’évêque Villicus pour être consacrée » en même temps que d’autres jeunes filles. Ainsi se confirme la vocation décelée à Nanterre.

Dans un premier temps les parisiens se méfieront de cette femme dérangeante qui les exhortait au courage devant les menaces d’invasion hunnique et à la confiance en Dieu, au point de projeter de la tuer. La suite des événements lui donna cependant raison : en 451 Attila passa sa route loin de Paris. Dès lors la réputation de sainteté de Geneviève se répandit et son autorité ne fut plus contestée.

Elle sut mettre toutes ses capacités, son pouvoir et ses biens propres au service de ses concitoyens et les exemples sont nombreux. Pour n’en citer qu’un, il faut évoquer ce temps de quasi famine qui menace les parisiens encerclés par les francs de Childéric (le père de Clovis), lequel entretenait des relations respectueuses avec la vierge. Elle sut donc négocier le passage des onze bateaux et leurs équipages qu’elle réquisitionna pour aller chercher du blé dans ses propriétés d’Arcis-sur-Aube. Ce voyage périlleux mais réussi sur les voies fluviales est à l’origine de la devise de la ville : Fluctuat nec mergitur (= elle flotte et ne coule pas).

Le soin des malades tant physiques que psychiques, des pauvres et des vieillards l’occupa jusqu’à son grand âge et les miracles jalonnent ce parcours inoubliable.

Clovis voulut qu’elle soit inhumée dans la basilique (ancêtre de l’actuel Panthéon) qu’il fit édifier sur ce que l’on nomme aujourd’hui la Montagne-Sainte-Geneviève. Maintenant le sarcophage se trouve dans l’église Saint-Étienne-du-Mont.

Parmi les aspects très actuels de l’enseignement qui se dégage de sa vie, il y a certainement l’absence de peur de l’étranger à une période où bien des groupes humains envahissaient l’Europe de l’Ouest à la recherche de nouvelles ressources.

En ce qui concerne la place de la femme, il est indéniable qu’elle tenait bien la sienne. Elle savait ruser avec le machisme ambiant pour enseigner aux hommes des attitudes courageuses et solidaires.

Le récit de la vie de cette consacrée montre à quel point elle a su rester fidèle et à l’engagement de la prière et à celui du service de ses frères et à celui de l’Église catholique.

Notons enfin que la patronne du diocèse de Nanterre manifesta l’importance qu’elle accordait au culte des saints. Ainsi c’est à elle que nous devons la première église bâtie sur le tombeau de saint Denis, premier évangélisateur de notre région et premier évêque de Paris.

Mgr Yvon Aybram

Le Carême s’ouvre avec la célébration du mercredi des Cendres. Dans la Bible, les Hébreux se couvraient la tête de cendres en signe de pénitence.

Pourquoi les cendres ?

Dans la Bible, les cendres sont le signe qui exprime la tristesse de l’homme devant le malheur. «Me voici pareil à la poussière et à la cendre», crie Job après avoir tout perdu (Jb 30, 19) tandis que Tamar, fille de David, «répandit de la cendre sur sa tête» après avoir été violée (2S 13, 19). Se couvrir de cendre, voire se rouler dans la cendre, est donc logiquement devenu aussi le symbole du
deuil : «Ô fille de mon peuple, revêts-toi de sac et roule-toi dans la cendre ! Prends le deuil», demande Jérémie à Jérusalem (Jr 6, 26).

Plus profondément, la cendre est indissociable de la poussière – les traducteurs grecs de la Bible emploient souvent un mot pour l’autre – renvoyant à celle d’où l’homme a été tiré avant que Dieu ne lui insuffle la vie. «Tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière»chante ainsi le psalmiste (Ps 103, 29) alors que Dieu met en garde Adam :« Tu es poussière, et à la poussière tu retourneras » (Gn 3, 19).

La cendre symbolise ainsi le néant de l’homme devant l’absolue transcendance du Dieu qui se révèle à Moïse à travers un buisson ardent qui, lui, ne se consume pas. Elle est donc, logiquement, l’état auquel retourne le pécheur qui se détourne de Dieu. Ainsi l’idolâtre «qui se repaît de cendre» (Is 44,20) et dont le «cœur n’est que cendre» (Sg 15, 10). C’est aussi la cendre que les prophètes promettent aux pécheurs : «Sur la terre, je te réduis en cendre», prévient Ézékiel (Ez 28, 18) ; «les méchants (…) seront de la cendre sous la plante de vos pieds», annonce Malachie (Ml 3, 21). Par analogie, c’est donc en se couvrant la tête de cendre que les pécheurs reconnaissent leur état et deviennent des pénitents : le roi de Ninive après la prédication de Jonas «se couvrit d’une toile à sac, et s’assit sur la cendre» (Jon 3, 6).

 

Parole de Dieu. Mt6,3a….

« Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ton aumône reste dans le secret. Toi quand tu pries, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret. Toi quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ton Père qui voit au plus secret te le rendra ».

Aujourd’hui, j’entre en Carême, qu’est-ce que ce texte d’Évangile m’inspire? Qu’est-ce que ces trois mots  m’invitent à vivre?

Je décide d’ouvrir un carnet pour faire le point chaque jour sur ma manière de Vivre l’aumône, la prière et le jeûne.

Un baptisé vivant la morale chrétienne sans moralisme ni angélisme

Les fondements sûrs de la morale chrétienne

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Un baptisé vivant la morale chrétienne sans moralisme ni angélisme

Les béatitudes.

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Un baptisé vivant la morale chrétienne sans moralisme ni angélisme

L’univers culturel et religieux juif dans lequel Jésus nous parle du juste comportement, une interpellation pour les chrétiens.

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